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Le ticket à 9 euros

Un franc succès

Adrienne Rey

© Adobe Stock, Markus Mainka

16 juillet 2022

Alors que les prix du carburant s’envolent et que l’Allemagne cherche à réduire sa dépendance aux hydrocarbures russes, le ticket mensuel à 9 euros est entré en vigueur le 23 mai 2022. Il est valable jusqu’à la fin de l’été, dans tous les transports en commun et les trains régionaux. Coût de l’opération : 2,5 milliards d’euros.

« Un succès fulgurant ! » Le ministre des Transports Volker Wissing (FDP) ne manque pas d’adjectifs pour qualifier ce qu’il estime être « la meilleure idée que le secteur ait eue depuis très longtemps ». Il est vrai qu’avec pas moins de 21 millions de tickets vendus pour le seul mois de juin, auxquels s’ajoutent 10 millions d’abonnés, le ticket à 9 euros est une réussite indéniable. On estime par ailleurs à 20 % la part de nouveaux voyageurs séduits par cette offre.

Un coup de pouce financier

Une aubaine économique pour de nombreux Allemands et une avancée non négligeable pour l’écologie. « J’espère que cette mesure va inciter de nombreux citadins à troquer la voiture pour les transports en commun, confie, à ce titre, Pascal, 30 ans, travailleur indépendant basé à Berlin, qui n’a pas attendu l’instauration du ticket à 9 euros pour faire du train son moyen de locomotion privilégié. « Déjà titulaire d’un abonnement de la BVG (les transports en commun berlinois) et d’une carte de réduction de la Deutsche Bahn (la société des chemins de fer allemands), je ne souhaite pas pour l’heure renoncer à la rapidité et au confort des trains à grande vitesse ICE (trains à grande vitesse), mais je prévois une petite excursion dans le Brandebourg ou une ville des environs. » Il salue l’initiative et souhaiterait qu’à l’avenir l’offre de transport devienne plus avantageuse.

Un avis partagé par Leman, 32 ans, PersonnalShopper dans la capitale. Si elle n’a pas encore eu l’occasion d’en profiter pleinement, elle estime « qu’en période d’inflation, ce ticket est une très bonne idée qui conduira peut-être le gouvernement à mettre en place une tarification moins onéreuse sur le long terme ». Comparé à d’autres pays, elle trouve, en effet, que les transports sont trop chers en Allemagne.

Une formule qui devrait se pérenniser

Volker Wissing a annoncé le probable maintien d’un ticket à tarification unique d’ici début 2023. Mais d’ici là il aura fallu clarifier certaines choses… À commencer par le tarif : « Nous avons besoin d’un modèle qui s’intègre dans les budgets des Länder, mais aussi dans celui du gouvernement fédéral », a souligné le ministre.

Si les chiffres de 365 euros annuels et de 29 ou 49 euros mensuels ont été envisagés, la formule qui semble la plus probable aujourd’hui est celle d’un ticket à 69 euros. C’est du moins celle qui a les faveurs de la VDV (l’association professionnelle des exploitations ferroviaires), comme l’expliquait son directeur, Olivier Wolff, dans les colonnes du quotidien national Frankfurter Allgemeine Zeitung, estimant le prix de l’opération à 2 milliards d’euros par an. 

La co-dirigeante du parti des Verts, Ricarda Lang, a, quant à elle, tenu à souligner qu’en plus de promouvoir une offre tarifaire moins chère, il restait primordial de maintenir et développer les investissements dans les infrastructures ferroviaires. En effet, seule ombre au tableau dans le succès du ticket à 9 euros, de nombreux retards qui se sont accumulés et un afflux inédit de voyageurs parfois difficile à maîtriser, comme le rappelait Martin Burket, président du syndicat ferroviaire EVG : «  Sur un trajet Rostock-Hambourg, j’ai vu des gens tomber littéralement du train lorsque les portes se sont ouvertes. Il n’est pas rare que les toilettes soient hors d’usage, les ascenseurs en panne… »

Si 69 euros restent un montant bien trop élevé pour Die Linke et Greenpeace, Detlef Müller, député SPD au Bundestag, estime que la question du chiffre est secondaire et que ce dernier doit avant tout avoir « un effet dissuasif suffisant pour que les gens décident de laisser leur voiture à la maison ».

En Europe, les « tickets climat » se multiplient

Alors que de telles mesures ne semblent pas encore devoir faire des émules en France, certains pays européens ont d’ores et déjà adopté des tarifications uniques et plus économiques. Pionnière en la matière, l’Autriche a lancé dès octobre 2021 son « KlimaTicket ». Valable sur l’ensemble des transports publics et privés du pays, cet abonnement coûte 3 euros par jour, soit un peu plus de 1000 euros par an.

Alors que le mois dernier l’inflation espagnole a franchi le seuil des 10 %, le Premier ministre Pedro Sanchez a annoncé mi-juillet la gratuité de certains trajets sur le réseau public régional et les trains de banlieue. Cette mesure, qui doit entrer en vigueur le 1er septembre et s’appliquer jusqu’au 31 décembre, fait suite à une réduction de 30 % du prix des tickets des transports en commun (métro, bus et tramways) en application depuis juin.

Alors que Malte envisage un projet de gratuité des transports publics pour le mois d’octobre, le Luxembourg est devenu mars dernier le premier pays du monde à rendre gratuite la totalité de son réseau de transport.

31 août 2022 : A ce jour , l’action ne devrait pas être prolongée en Allemagne.

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1 Kommentare/Commentaires

  1. Il serait aussi intéressant de savoir combien de personnes n’ont pas pris – et ne prendront plus – le train à cause du ticket à 9 euros, qui contribue à encombrer les TER et à augmenter les retards et, en plus, s’avère être un foyer d’infection par excellence. Voilà le revers de la médaille !

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