Hommage à Horst Reinert
Un pilier des relations franco-allemandes
Horst Reinert, ancien secrétaire général de BILD/GÜZ, est décédé le 2 juillet à Caen (Normandie). Hommage à un pilier des relations franco-allemande
Dernier de trois enfants, Horst Reinert est né le 27 novembre 1940 à Sarrelouis. Son père – mort à la guerre en 1943 – était Sarrois, sa mère était Mosellane. Après sa mort en 1951, il fut élevé par ses grands-parents à Creutzfeld, en Moselle. La région, située à la frontière allemande, lui a très tôt donné le goût des contacts et des échanges entre jeunes. Une fois ses études d’interprétariat à l’Institut catholique de l’Université de Paris terminées, il entendit parler d’activités de ce type dans le district de Lindau, au bord du lac de Constance. Lindau faisait à l’époque certes partie de la Bavière mais avait été rattachée à la zone française pour permettre à la France d’avoir un accès direct à sa zone en Autriche. Là, des amis français initiait des rencontres culturelles notamment au niveau de la jeunesse. Horst Reinert, qui travaillait comme interprète indépendant dans les deux pays, eut vent de ces initiatives. Il se rendit alors à Lindau. C’est là qu’il rencontra la jeune actrice allemande Hertha Springe, qui avait fui Hambourg pendant la guerre pour y rejoindre des parents : elle y organisait des rencontres avec parfois plus de 80 participants dans des conditions primitives. Hertha Springe n’enseignait pas le dialecte badois aux jeunes Français, mais le haut allemand. Horst Reinert était proche d’elle et la considérait comme la « maman » de ces activités. On lui proposa ensuite de diriger le centre de rencontre franco-allemand créé avec des amis influents des deux pays. C’est ainsi que fut créé le site de Wasserburg, devenu en 1965 le centre de jeunes franco-allemand du Bureau International de Liaison et de Documentation (BILD) et de la Gesellschaft für übernationale Zusammenarbeit (GÜZ).
Horst Reinert fut recruté par le BILD le 17 mai 1965. Il s’attacha ensuite à mette en place la partie française et développa en parallèle des activités de publication, là aussi un moyen pour lui de créer du liant entre la France et l’Allemagne. Dès la fin de la guerre, le Père Jean de Riveau, aumônier militaire français, avait lancé deux publications – l’une en français (Documents), l’autre en allemand (Dokumente) – dans le but de stimuler et d’approfondir le dialogue entre les deux pays. Grâce au soutien d’auteurs comme Joseph Rovan, futur président de BILD, Gérard Foussier et Horst Reinert, justement, les deux revues devinrent un instrument central du dialogue franco-allemand. Aujourd’hui, les revues fusionnées poursuivent leurs activités sous format électronique (dokdoc).
Il apparut également que des changements étaient nécessaires dans la structure de GÜZ/BILD. Horst Reinert fut élu secrétaire général des deux sociétés en 1988 – il le resta jusqu’en 2001 –, et assuma la coordination des rencontres de jeunes ainsi que le recrutement et la formation des animateurs et responsables de groupe. Parallèlement, il assura la relève au sein de sa propre organisation et prépara sa succession avec Peter Herzberg. En 2001, il lui passa la main. La même chose se produisit plus tard côté allemand avec l’arrivée de Robert Kampe au bureau de Wasserburg : aujourd’hui, Kampe est également secrétaire général des deux sociétés.
Avec la disparition de Horst Reinert, le GÜZ et le BILD ne perdent pas seulement un médiateur reconnu entre la France et l’Allemagne. Ils perdent aussi une personnalité qui a longtemps présidé à leurs destinées et qui a marqué de manière décisive plusieurs générations de responsables de groupes et d’animateurs. Cela, c’est l’œuvre de sa vie.
N’oublions pas ce qu’il avait plaisir à répéter : « La valeur d’une idée, c’est sa réalisation ».
Franz Schoser, Président d’honneur de GÜZ