Jumelages franco-allemands de villes
Des relations stables

Jumelages franco-allemands de villes Des relations stables
  • VeröffentlichtNovember 22, 2020

Dans les années 1950, les premiers jumelages de villes entre l’Allemagne et la France étaient un signe de réconciliation et d’un avenir paisible pour l’Europe. Désormais, il existe environ 2200 jumelages de deux villes – un véritable modèle de réussite.

Mais bien souvent, l’euphorie initiale s’est éteinte et les relations ont changé. Notamment à cause du coronavirus. En effet, les piliers majeurs de jumelages efficaces tels que les échanges scolaires, les visites mutuelles d’associations, d’autres délégations et de particuliers ont dû être réduits au minimum en 2020, voire disparaître complètement. Un parfait exemple : Montbéliard et Ludwigsbourg, depuis 1948 siège principal de l‘Institut Franco-Allemand. En 1950, ces deux villes ont fondé le premier jumelage franco-allemand. Les célébrations prévues à l’occasion du 70e anniversaire ont dû être annulées en raison du coronavirus. Une seule rencontre d’associations a eu lieu en 2020, les rencontres scolaires et de jeunes ont été entièrement annulées. Christine Süß, responsable des jumelages pour la ville de Ludwigsbourg, ne se laisse cependant plus décourager : « La pandémie a bien sûr fortement altéré les contacts, mais la communication n’a en aucun cas cessé. »

À l‘entrée de la ville de Montbéliard, © B. Bader, Flickr

La crise pousse Montbéliard et Ludwigsbourg à rechercher des solutions, comme bien d’autres villes jumelées. L’histoire commune à Montbéliard et Ludwigsbourg a ainsi été documentée de manière numérique, bilingue, et libre d’accès aux citoyens des deux villes.

Au cours des prochaines semaines, les élèves vont discuter en ligne du thème « Gaspillage alimentaire » – un thème à l’ordre du jour de la rencontre de travail 2021, qui se tiendra idéalement en personne. Et en juillet 2020, au décès de l’ancien maire de Montbéliard et sénateur Louis Souvet, le maire de Ludwigsbourg Matthias Knecht s’est rendu aux funérailles malgré la pandémie.

Mise à l’épreuve dans la détresse

De tels bons contacts peuvent être très utiles lors de la crise du coronavirus. La maire de Montbéliard, Marie-Noëlle Biguinet, a par exemple demandé de l’aide à Ludwigsbourg au printemps lors de la pénurie en masques de protection. 1800 masques ont rapidement été envoyés de Souabe en Franche-Comté et répartis à des services de soins ambulatoires. Ailleurs, grâce à des jumelages de villes, des Français gravement malades ont obtenu des lits en soins intensifs dans des hôpitaux allemands : six patients atteints du Covid-19 de Mulhouse ont reçu de l’aide dans la ville jumelée de Kassel, et 22 malades graves de la ville lorraine de Forbach ont été soignés à Völklingen, dans la Sarre. Les fameuses paroles de Tobias Bütow, secrétaire général de l’Office franco-allemand pour la Jeunesse, résument bien de tels exemples : « Les jumelages de villes peuvent sauver des vies. »

« Une certaine saturation »

Certains jumelages montrent cependant des signes de fatigue. Une des causes : contrairement au passé, les voyages lointains dans des pays étrangers sont une chose acquise pour les jeunes et adultes d’aujourd’hui. Un voyage de Villers-sur-Mer en Normandie à Boffzen en Basse-Saxe ; de Marseillan dans les alentours de Sète à Miesbach ou de Schwäbisch Gmünd à Antibes n’attire donc plus les foules. De nombreuses villes entretiennent également plusieurs jumelages ou forment un cercle de jumelage avec des villes ou communes de plusieurs pays – comme Esch-sur Alzette, Lille, Liège, Rotterdam, Turin et Cologne depuis 1958.

Nul ne sait combien des quelque 2200 jumelages franco-allemands de villes se réduisent aujourd’hui à un panneau à l’entrée de la ville qui fait allusion à la relation, ou au mieux à une rue ou une place nommée d’après le jumelage. Un paramètre intéressant est le nombre de nouveaux jumelages. Suite à l’impulsion du traité de l’Élysée en 1963, leur nombre a atteint près de 100 par an ; depuis la fin du millénaire, il a chuté à une faible valeur à un chiffre.

Antibes, ville jumelée à Schwäbisch Gmünd, © Martin Vogler

La fondation Konrad Adenauer, qui s’intéresse de près aux jumelages de villes, parle d’une « certaine saturation ». Une étude publiée en coopération entre la fondation Bertelsmann et l’Institut Franco-Allemand en 2018, à laquelle ont participé 1322 villes allemandes et françaises, affiche un constat tiède. Deux tiers y ont tout de même décrit leur jumelage comme stable ou ayant gagné en intensité. Un jumelage de villes sur cinq ayant participé à l’enquête n’est cependant plus aussi actif que par le passé.

Une ouverture au changement

Les relations continuent à fonctionner si elles sont ouvertes au changement, comme celle de Montbéliard et Ludwigsbourg : les responsables concèdent que les contacts ne sont plus vraiment marqués par des jumelages d’associations, mais qu’il existe un nouvel échange lié à des projets. Christine Süß : « Nous avons très tôt introduit de nouveaux formats, comme la rencontre de travail annuelle de la direction sur des thèmes actuels ou les partenariats de projets. Les associations ou groupes scolaires travaillent alors ensemble sur des projets, sans fonder de partenariat. Notre jumelage est vivant et se vit. » En outre, il existe notamment des emplois d’été de quatre semaines et d’autres offres pour les jeunes de plus de 18 ans.

En période de coronavirus, nombreux sont ceux qui maintiennent le contact de manière virtuelle. Cela s’applique également à un exemple de plus petites villes : Eu, tout au nord de la Normandie, et Haan, dans l’arrondissement de Mettmann, conçoivent depuis plus de 50 ans leur jumelage de manière très active avec des visites mutuelles et un échange de jeunes. Ceci est visible pour tous – sauf lors du coronavirus – chaque année en août lors du marché et de la fête du vin français au parc « Ville d’Eu » à Haan.

Les élections municipales de 2020 à Eu sont de bon augure pour ce jumelage dynamique : le nouveau maire, Michel Barbier, avait déjà affiché sa satisfaction de la relation avec Haan. Dans la ville jumelée allemande, Miriam Schulz, la responsable de la culture de Haan, également responsable des jumelages, est optimiste : « Même si actuellement, nous devons arrêter beaucoup de choses, tout fonctionne généralement bien. Nous espérons que cela reprendra de plus belle en 2021. » Un joli signe d’espoir : les nombreuses demandes de citoyens qui souhaitent se rendre à Eu.

Nuremberg, ville jumelée à Nice, © Uwe Niklas

Un jumelage très remarqué à ses débuts en 1954 est celui entre Nice et Nuremberg. La ville de la Côte d’Azur a consciemment opté, comme signe de réconciliation, pour la ville du congrès de Nuremberg, et son image entachée. À Nice, Jean Médecin, un maire très apprécié, qui fut en poste de 1928 à 1944 et de 1947 à 1965, a alors agi comme force motrice. La relation – Nice est aux côtés de Venise le plus ancien jumelage de Nuremberg – tient encore aujourd’hui.

Traduction : Amélie Gärtner

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