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Musée du Romantisme allemand

Visite guidée

Adrienne Rey

Le Musée du Romantisme allemand et la maison de Goethe dans la rue Großer Hirschgraben à Francfort-sur-le-Main ; architecture : MÄCKLERARCHITEKTEN, © Freies Deutsches Hochstift, photo : Alexander Paul Englert

1 janvier 2022

Inauguré en automne 2021 à Francfort-sur-le-Main, le Musée du Romantisme allemand retrace la riche histoire de ce mouvement majeur de la littérature et de l’art allemands.

Jouxtant la maison où naquit Goethe en 1749 et où l’écrivain passa une partie de sa jeunesse, les façades du musée s’alignent dans des tons jaune et beige pâles qui intriguent et attirent les regards. Elles sont l’œuvre de l’architecte francfortois Chrisoph Mäckler à qui l’on doit entre autres l’Opernturm (Tour de l’opéra) dans le quartier d’affaires de la ville et la « Zoofenster » de l’hôtel Waldorf Astoria de Berlin.

Brentano, Schlegel, Novalis, Heine…

« Blauer Erker » (oriel bleu) – architecture : MÄCKLERARCHITEKTEN, © Freies Deutsches Hochstift, photo : Alexander Paul Englert

A l’intérieur du musée du romantisme, une pénombre spectrale invite à la rêverie grâce notamment à cette fenêtre arquée aux verres bleutés. « Le musée lui-même est conçu comme un bâtiment romantique. Chaque élément architectural participe de cette narration », explique Anne Bohnenkamp-Renken, directrice de la Free German Hochstift, l’institution culturelle responsable du projet et commissaire de l’exposition. Ce clair-obscur n’est pas seulement lié à des considérations esthétiques : les objets (manuscrits, correspondance, gravures) risqueraient, en effet, de se détériorer à la lumière du jour.

Parmi les œuvres exposées, quelques grand noms de la littérature et de la poésie allemande : Brentano, Schlegel, Novalis, Heine… Le manuscrit original du poème « Wünschelrute », écrit par Eichendorff en 1835, représente l’une des pièces les plus inestimables de la collection.

La peinture romantique n’est pas en reste puisque l’on retrouve des toiles de Caspar David Friedrich, de Johann Heinrich Füssli ou encore de Carl Gustav Carus. Dans cette peinture de paysage, la nature apparaît comme un lieu préservé et spirituel où le  « moi » du poète, dès l’orée du soir, exalte et tutoie le sublime. La musique est également mise en avant avec des partitions de Schubert ou des Schumann.

L’âme romantique : entre rêve et mystère

« Himmelstreppe » (Escalier vers les cieux) – architecture : MÄCKLERARCHITEKTEN © Freies Deutsches Hochstift, photo: Alexander Paul Englert

A la toute fin du 18e siècle, la pensée romantique se construit en réaction au rationalisme et aux Lumières. Remettant en question le dogme du progrès, méfiants vis-à-vis des avancées techniques, les Romantiques en appellent aux forces de l’Esprit, du rêve et du mysticisme. L’art devient alors le moyen d’une connaissance supérieure comme l’écrira  le poète Novalis : « Romantiser (romantisieren), cela veut dire donner un sens élevé à ce qui est commun, un aspect mystérieux à ce qui est habituel, conférer la dignité de l’inconnu à ce qui est connu, et à ce qui est fini, une apparence infinie. »

Souvent friands de spiritisme et de magnétisme, les Romantiques allemands s’intéressent également au galvanisme, comme nous le montre certaines pièces du musée. L’électricité est alors considérée comme une force vitale à la lisière du monde spirituel et du monde matériel.

Courant majeur de l’histoire artistique et littéraire européenne, le Romantisme a inspiré la création d’un Musée de la Vie romantique à Paris en 1987 et d’un musée du Romantisme à Madrid en 1924. Avec l’ouverture de son musée francfortois, l’Allemagne, rejoint le mouvement. Sa création pourtant n’aura pas été une mince affaire et pas loin de 10 années seront nécessaire pour venir à bout de tous les obstacles… La proximité avec la maison natale de Goethe, tout d’abord,  puisque les deux bâtiments, sont mitoyens et qu’il aura fallu redoubler de prudence lors de la démolition des anciens bureaux qui se tenaient à l’emplacement du musée actuel. Des difficultés financières, ensuite, puisque le budget initial de 12 millions d’euros, répartis entre l’État, le gouvernement fédéral et la ville de Francfort s’est vite révélé insuffisant et aura dû être complété par les dons privés de 1500 donateurs. 

Outre son exposition permanente, le musée accueille jusqu’au 31 décembre 2021, Dreaming Romantic Europe – Das digitale Museum RÊVE. Cette exposition virtuelle explore les manifestations et représentations du Romantisme européen, de Copenhague à Oxford.

Sac ayant appartenu à Bettina Von Arnims ; date inconnue, © Freies Deutsches Hochstift, photo : Udo zur Megede

Le Museumsufer de Francfort

Située sur les bordures du Main, le Museumsufer (la rive des musées) de Francfort-sur-le-Main regroupe une vingtaine de musées parmi les plus prestigieux de la ville. S’y trouve par exemple, le célèbre Städel Museum et son impressionnante collection qui compte plus de 3000 tableaux, la plupart réalisés par des grandes figures de l’art européen : Bronzino, Botticelli, Fra Angelico, Holbein le jeune, Van Eyk ou encore Cranach et Dürer. Le Deutsches Filminstitut & Filmmuseum (l’Institut et Musée du film allemand) retrace quant à lui la longue histoire du cinéma, des premiers kaléidoscopes, zootropes et autres chambres noires  jusqu’aux techniques de projection moderne. Servie par une mise en scène interactive, le Museum für Kommunikation (le Musée de la Communication de Francfort) raconte l’évolution de nos moyens de communication des tablettes cunéiformes au téléphone, sans oublier les télégraphes. Les amateurs de sculpture, quant à eux, trouveront leur bonheur à la Liebieghaus. Cette imposante villa de la fin du 19e siècle abrite de nombreuses pièces de la statuaire égyptienne, grecque et romaine, mais également des œuvres d’Extrême-Orient.

Après la Museumsinsel (l’Île au musée) de Berlin et le quartier Maxvorstadt de Munich, le Museumsufer de Francfort constitue le regroupement de musées le plus vaste d’Allemagne. Ce lieu unique possède son propre festival qui se tient le dernier week-end d’août. L’occasion pour les institutions culturelles de la ville de présenter leurs projets et expositions le tout dans une ambiance festive et chaleureuse. Le Museumsuferfest attire plus de 2 millions de visiteurs chaque année.

À l’intérieur du Musée du Romantisme allemand :

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