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Élections au Bundestag 2021

Affiches électorales

Sophia Bonbon

Selon les sondages en septembre 2021, Olaf Scholz (SPD) et Armin Laschet (CDU) sont les candidats favoris pour succéder à Angela Merkel à la chancellerie, © picture alliance / Ulrich Baumgarten

1 septembre 2021

Qu’il s’agisse de la pandémie du Covid-19, de la catastrophe des inondations, de la protection du climat et de l’environnement, des loyers trop élevés, de la sécurité ou des systèmes de retraite et de santé, de nombreux problèmes affectent actuellement l’Allemagne. Tous les partis en parlent dans leurs programmes électoraux – et dans leurs affiches électorales.

CDU/CSU

© CDU / Tobias Koch

La CDU/CSU (Christlich-Demokratische Union / en Bavière : Christlich Soziale Union), partis actuellement majoritaires au gouvernement, met en avant son candidat à la chancellerie Armin Laschet. Il se présente dans un cercle ouvert sur les côtés aux couleurs de l’Allemagne – noir-rouge-or. Deux de ses slogans : « Gemeinsam für ein modernes Deutschland », (Ensemble pour une Allemagne moderne) und « Weil es um die Menschen geht, wenn es um Deutschland geht. » (Car lorsqu’il s’agit de l’Allemagne, ce sont les gens qui comptent.).

Pour sa campagne électorale, la CDU a entre autres déguisé le personnel du siège du parti en policière, en infirmière, etc. – ainsi, au lieu de mannequins (ou de vrais représentants des métiers), on voit des employés du parti sur les affiches. Le chef de la police berlinoise n’a pas du tout apprécié et reproché au parti un manque de sérieux.

www.cdu.de ; www.csu.de

SPD

© SPD

Aussi le SPD (Sozialdemokratische Partei Deutschlands) s’appuie sur son candidat à la chancellerie et actuel ministre des Finances : Olaf Scholz. C’est le candidat qui domine : « Kanzler für Deutschland. » (Chancelier pour l’Allemagne) ; « Wer Scholz will, wählt SPD » (Qui veut Scholz, vote SPD). Dans un graphique austère, le candidat – portant une cravate pour souligner son sérieux – se présente en noir et blanc sur un fond rouge écarlate, la couleur du SPD.

www.spd.de

Les Verts

© gruene.de

Das Bündnis 90/Die Grünen, le parti des Verts, misent aussi et surtout sur la couleur (le vert bien sûr !). Sur un fond vert les deux leaders du parti, Annalena Baerbock et Robert Habeck, apparaissent également en vert. Dans une posture souriante et très décontractée, Robert Habeck est aux côtés de la candidate à la chancellerie, elle aussi très joyeuse. Deux de leurs slogans : « Bereit, weil Ihr es seid. » (Opérationnels car vous l’êtes). Et « Aufbruch statt Weiter so. » (On démarre au lieu du on continue).

www.gruene.de

FDP

Le FDP, le parti libéral-démocrate, met, lui aussi, en évidence son candidat, Christian Lindner, présenté comme Olaf Scholz en noir et blanc, mais plus moderne. Seul le jaune, couleur du parti, est permis pour mettre en évidence le slogan écrit en rouge : « Nie gab es mehr zu tun. » (Il n’y a jamais eu autant de tâches à faire). Le message : Christian Lindner travaille dur et donne tout pour son pays. Sur l’affiche corrspondante, on le voit donc tard dans la nuit au travail, assis à son bureau avec plein de dossiers à traiter…

© FDP

www.fdp.de

Die Linke

Die Linke, le parti de gauche, fait pression. « Jetzt! » (Maintenant !) – « Rente hoch, Mieten runter. » (Augmentons les retraites, baissons les loyers) ;   « Klimaziel : Bus und Bahnen überall und kostenlos. » (Agenda climatique : bus et tramways partout et gratuits) ; « Frieden. Waffenexporte stoppen. » (Pour la paix. Arrêtons les exportations d’armes) ;  Dietmar Bartsch et Janine Wissler, les candidats en tête, n’apparaissent pas sur les affiches – contrairement aux candidats des autres partis.

www.die-linke.de

AfD

Le slogan principal du parti de droite AfD (Alternative für Deutschland) : «  Deutschland. Aber normal. » (L’Allemagne. Mais normale.). Les « Zwei für Deutschland » (Deux pour l’Allemagne) sont les têtes de liste du parti, Alice Weidel et Tino Chrupalla.

www.afd.de

Lien :
Esthétique et contenu des affiches électorales en 2021

Affiches électorales historiques

Les affiches électorales jouent déjà un grand rôle en 1949, lors des premières élections fédérales ouest-allemandes après la Seconde Guerre mondiale.

L’exposition « Wähl mich! Parteien plakatieren » (Vote pour moi ! Les affiches électorales des partis politiques) à la Maison de l’Histoire allemande Haus der Geschichte de Bonn présente jusqu’au 3 octobre 2021 plus de 100 affiches électorales historiques issues d’élections fédérales et régionales et examine de près les différents éléments des affiches électorales – les slogans, les têtes et les couleurs de 70 ans d’élections démocratiques en République fédérale d’Allemagne ; elles montrent comment les thèmes, l’esthétique et l’attrait des électeurs ont changé. Les mutations du comportement électoralet de la formation de l’opinion politique à partir des années 1950 et 1960 obligent les partis à adapter leur stratégie – jusqu’aujourd’hui.

© Konrad-Adenauer-Stiftung, Archives, présentation : Paul Aigner ; photo: Stiftung Haus der Geschichte / Axel Thünker

Les débuts

Alors que les traces de la destruction physique et psychologique causée par la guerre étaient encore clairement visibles dans les rues, la campagne électorale de l’époque fut menée principalement de manière thématique au moyen de films, de la radio, de journaux et, surtout, d’affiches. Les campagnes traditionnelles visaient à mobiliser une clientèle électorale partisane. Pour les partis, qui cherchaient à réactiver le « vote normal », il ne s’agissait pas de « convertir » les électeurs et de changer leurs préférences, mais d’inciter en première ligne leurs adhérents à aller aux urnes.

 La CDU, nouvellement fondée et – contrairement à son nom – non confessionnelle, entre en campagne électorale avec les « lignes directrices de Düsseldorf »,proclamant la Soziale Marktwitschaft (Économie sociale de marché), rédigées essentiellement par Ludwig Erhard qui deviendra plus tard ministre de l’économie et, de 1963 à 1966, chancelier de la RFA. Le SPD, en revanche, s’appuie pour sa personnalité sur son leader Kurt Schumacher.

Au début des années 50, les slogans et les affiches des campagnes électorales reflètent surtout l’époque des difficultés matérielles, de la division allemande et de la reconstruction spirituelle. La CDU lance donc sa campagne avec des slogans comme « Paix – Liberté – Unité allemande », « 1947 – Faim ! Besoin ! Misère ! 1949 – En avant ! Au sommet ! Le succès de la CDU ! »

Le SPD, quant à lui, fait campagne avec entre autres les slogans « Maintenant plus que jamais : la socialisation ! SPD », « Tous les millionnaires votent CDU-FDP. Tous les autres millions d’Allemands votent SPD » et « L’union fait la force – tous votent SPD » et « SPD – Pour une Allemagne unique ». Le FDP, pendant des décennies troisième parti élu au Bundestag, joue sur la peur et lance des avertissements comme « L’Allemagne ne doit pas devenir socialiste » et « Seule l’économie libre brise la misère. Votez FDP ! ».

« Et hätt noch jot jejange ! » (Tout s’est bien passé.) : C’est avec cette phrase typique du dialecte de Cologne que Konrad Adenauer commente le résultat très serré de son élection au poste de chancelier fédéral, le 15 septembre 1949. C’est dans un bistro du coin qu’il va voter et une seule voix – sans doute la sienne – lui assure la majorité requise de 202 voix au premier tour.

Depuis lors, les campagnes électorales ont beaucoup changé. Mais même à l’ère du numérique, les partis utilisent toujours des affiches pour faire de la publicité en vue d’obtenir le vote des électeurs.

Les slogans

© Hanns-Seidel-Stiftung, Archives ; photo : Fondation Haus der Geschichte / Axel Thünker

En 1957, le chancelier Konrad Adenauer promettait « Pas d’expériences », lors de la campagne électorale du Bundestag sur une affiche légendaire de la CDU. La campagne a été couronnée de succès et pour la première et unique fois, la CDU a obtenu la majorité absolue au Bundestag allemand.

Les partis aiment convaincre avec un slogan concis. Ils reflètent généralement les humeurs et les valeurs de la société. Lorsque les Verts ont fait leur entrée au Bundestag en 1983, le slogan « Sauvez la forêt » a touché un nerf sensible de la société, suite au débat sur le dépérissement des forêts (le Waldsterben).

Les affiches électorales reflètent aussi les débats politico-sociaux contemporains. Lors des élections fédérales de 1961, la CSU (Christlich-Soziale Union), le parti conservateur de Bavière, dépeint la famille de manière classique : mère, père, enfant. Près de 40 ans plus tard, en 2002, le parti des Verts a montré un couple de lesbiennes et d’homosexuels en réclamant leurs droits.

En 1998, la CDU présente sur une affiche un chancelier prenant un bain dans la foule, pas de nom, pas de slogan. Tout le monde le connait, tout le monde connait son idéologie et ses valeurs. Et Helmut Kohl est élu pour la 3e fois, chancelier de la République fédérale allemande.

Les couleurs

En outre, les partis effectuent régulièrement des changements de couleur afin d’envoyer des signaux politiques ou des stimuli visuels. Le rouge du mouvement ouvrier ne se trouve ainsi plus seulement dans les affiches du parti de gauche ou du SPD. Presque tous les partis recourent aussi à la couleur bleue, une couleur très populaire auprès des Allemands.

Pour se démarquer dans le flot des affiches électorales, les partis jouent sur la palette des couleurs politiques : Par exemple, lors des élections de 1999 en Thuringe, le parti des Verts affichait des lettres vertes sur une affiche noire : « Farbe. Grün muss sein » (Le vert, couleur obligatoire). Cependant, la CDU, à laquelle on attribue la couleur noire, a obtenu la majorité absolue sous la direction de son premier ministre d’État de longue date, Bernhard Vogel.

© ARE / Harry Walter ; photo: Fondation Haus der Geschichte / Axel Thünker

Les têtes

Les affiches de portraits illustrent l’accent mis sur la personne. La personnalisation de la campagne électorale a commencé avec Konrad Adenauer dans les années 1950 et s’est imposée dans le courant des années 1960. Alors qu’Adenauer représente une figure paternelle de la jeune République fédérale, Willy Brandt, lui, incarne un changement de politique et de générations avec sa candidature SPD au poste de chancelier en 1961. Les partis s’appuient toujours sur la notoriété de leurs candidats.

Les créatifs

Derrière les campagnes se cachent souvent des agences de publicité de renom comme l’agence von Mannstein Concept Design, qui a accompagné avec succès et sur une longue période les campagnes électorales de la CDU et du FDP au Bundestag et au parlement des Länder. En revanche la création de l’affiche électorale du SPD de 1972 et de la célèbre campagne électorale pour Willy Brandt est un travail de Harry Walter et de son agence ARE à Düsseldorf.

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