Glosse

Goethe in Straßburg

Martin Graff

05. Januar 2021

Incroyable mais vrai : Paris va installer un lycée franco-allemand à Strasbourg. Es gibt schon drei davon in Deutschland: in Saarbrücken (seit 1961), in Freiburg (seit 1972), in Hamburg (seit 2020) – et un seul en France, à Buc, à quelques kilomètres de Versailles (depuis 1975).

Sogar Goethe dürfte staunen. Er ist der Schirmherr der Straßburger Universität; bei der Eröffnung der Friedrich-Wilhelm-Universität 1884 war er dabei. Son buste se trouve dans le jardin qui jouxte le bâtiment principal.

Depuis 1904 il trône même mannshoch devant le Palais universitaire – in Erinnerung an den 150. Jahrestag seiner Geburt – entouré de Polymnie et de Melpomène. Lorsque la nouvelle est tombée le 21 janvier 2021, hat Polymnie, Tochter von Zeus, sofort angefangen an ihrer Lyra zu zupfen und Melpomene a jeté son  Schleier dans le buisson derrière le monument.

Goethe hat nie verstanden, warum die Straßburger ihm nach 1945  den Rücken gekehrt haben und es nicht schafften de créer le premier lycée franco-allemand dans la capitale alsacienne, war er doch ein begeisterter zweisprachiger Europäer, als er im Elsass Jura studierte und sich in Frederike verliebte, la fille du pasteur de Sessenheim.

Goethe war nicht allein

Büchner a même écrit sa thèse de doctorat sur « le système nerveux du barbeau » à Strasbourg. Jean-Frédéric Oberlin, le Pestalozzi alsacien, pasteur à Waldersbach était cosmopolite et hébergea le rival amoureux de Goethe : Jakob Lenz, qui inspira Büchner. Son amour pour le « Menschter », comme les Alsaciens nomment la cathédrale, était sans limites. In Von deutscher Baukunst, il glorifie le génie d’Erwin von Steinbach, oubliant un peu vite l’influence des artistes de l’Ile de France, ce qui vexe encore aujourd’hui les connaisseurs puisque le style gothique à des sources tricolores.

Unvergessen auch la description par Stefan Zweig de la colère d’un jeune étudiant namens Goethe lors de l’arrivée de Marie-Antoinette en France. Auf einer Sandinsel im Rhein wurde eigens eine Nobelhütte gebaut. Ein Wandteppich stellte die Geschichte von Jason, Medea und Krëusa vor, das Erzbeispiel einer verhängnisvollen Eheschließung, vor. Der „genialische Jüngling“ sorgte für Stress, als er sich über die unpassende Dekoration empörte  „und beinahe mit Gewalt“ entfernt wurde.

Une table représentait symboliquement la frontière. Marie-Antoinette se déshabilla auf österreichischer Seite, um auf der französischen Seite neu eingekleidet zu werden. Als Mutter Lagerfeld dem Sohn Karl die genaue Beschreibung der Bekleidung aus der Marie-Antoinette Biographie von Stefan Zweig vorlas, soll der zukünftige Modestsar seine Berufung entdeckt haben.

Quelle époque !

Was für Erinnerungen! Dann kamen leider die Todesengel nach Straßburg. Die Nazis schafften ein Goethehaus an der Ill. Als der Krieg vorbei war, wagte es niemand d’installer le Goethe-Institut à Strasbourg. On l’exila jusqu’à aujourd’hui à Nancy. Strasbourg se contente d’une annexe.

Pour être honnête : les Alsaciens waren damals traumatisiert. Die jungen Männer wurden  für die Wehrmacht und Waffen-SS zwangsrekrutiert, die Mädels für den Reichsarbeitsdienst, die Lehrer ausgetauscht.

Sie hatten sogar die Gründung des Europarates hierzulande abgelehnt. Die Engländer machten Druck, schließlich wurde le Conseil de l’Europe 1948  ins Leben gerufen. La première session eut lieu dans  l’aula du Palais universitaire le 8 septembre de la même année.

Sans oublier que  le Palais  est auréolé de 36 savants allemands, lebensgroß, de Kant à Schleiermacher, seul Calvin représente la culture française. « Les Alsaciens ont du mal à jouer le rôle de pont entre les deux culture », m’a dit un jour à Sophia Antipolis le gourou des relations franco-allemandes, Alfred Grosser.

Eine sehr persönliche Beziehung zu Goethe

J’ai une relation très personnelle avec Goethe. Als ich in Epinal das Abitur machte, l’examinateur me demanda: «  Vous connaissez Strasbourg? » – « Non! J’habite dans les Hautes-Vosges et… » – « Cela ne fait rien », m’interrompit le prof, « vous pouvez malgré tout répondre à ma question: devant le palais universitaire se trouve une statue de Johann Wolfgang Goethe : dans quelle direction regarde-t-il? » – « Sessenheim! » Bingo, ich hatte das Abitur in der Tasche.

Lorsque je me suis inscrit à la faculté de théologie protestante à Strasbourg, habe ich sofort Goethe besucht, um die Behauptung des Lehrers zu überprüfen. Goethe ne regarde en aucun cas vers le nord en direction de Sessenheim, mais en direction du sud-ouest vers le Col de la Schlucht, où j’habite encore aujourd’hui.

Ce qui compte

Grâce au lycée franco-allemand, les Alsaciens vont enfin apprendre la leçon de Herta Muller, Prix Nobel de littérature: „In Jeder Sprache sitzen andere Augen.“

Goethe lui-même affirmait qu’on apprend seulement à connaitre sa propre langue, wenn man noch eine Fremdsprache beherrscht.

Frédéric Mistral, également Prix Nobel de littérature, cuvée 1904, écrivait: « La langue est la clé de la culture. » En jouant avec les langues, nous apprenons mit verschiedenen Zugehörigkeiten zu leben pour  vaincre les identités meurtrières comme le souligne Amin Maalouf de l’Académie française. Claudio Magris, le poète du Danube, nous invite à penser avec la mentalité de plusieurs peuples.

« La langue de l’Europe est la traduction », nous rappelle Umberto Eco. Olivier, élève à Buc et Bernadette, élève à Fribourg m’expliquent leur cheminement:

Olivier, Mutter Französin, Vater Deutscher : « Premièrement je suis de cœur français. Deuxièmement mon âme est allemande. Troisièmement mon esprit est européen. » Bernadette, Mutter Deutsche, Vater Franzose, formuliert es umgekehrt: „Erstens mein Herz ist Deutsch. Zweitens meine Seele ist Französisch. Drittens mein Herz ist europäisch.“ Auf den dritten Punkt kommt es an.