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Unesco

Le patrimoine mondial d’Allemagne

Adrienne Rey

La Cathédrale d’Aix-la-Chapelle est sur la liste du patrimoine mondial de l’Unesco depuis 1978, © Shutterstock

10 septembre 2021

La 44e session du Comité de l’Unesco s’est tenue en 2021 pour inscrire 33 nouveaux sites sur la liste du patrimoine mondial de l’humanité. Quatre d’entre eux se trouvent en Allemagne : les sites SchUM, la colline de Mathilde, les vestiges romains et les villes de thermalisme Bad Ems, Baden-Baden et Bad Kissingen.

Les sites SchUM

Le vieux cimetière juif de Worms, © Generaldirektion Kulturelles Erbe Rheinland-Pfalz, Foto: Jürgen Ernst

Les sites SchUM en Rhénanie-Palatinat deviennent les premiers éléments du patrimoine juif allemand à entrer au classement de l’Unesco. SchUM est l’acronyme des noms hébraïques des villes de Spire (Speyer en allemand, Schpira en hébreu), de Worms (Warmaisa en hébreu) et de Mayence (Mainz en allemand, Magenza en hébreu). La communauté juive de SchUM s’installa dans la région dès le 10e siècle, ce qui fait d’elle l’une des plus vieilles d’Europe centrale. Plusieurs vestiges témoignent encore de cette ancienne « Jérusalem rhénane », à l’instar des cimetières juifs, de la synagogue de Worms ou encore des bains rituels et de la Cour de justice de Spire.

La colline de Mathilde

© Branko Srot, Shutterstock

Autre site désormais inscrit au patrimoine mondial de l’humanité, Mathildenhöhe (la colline de Mathilde) se trouve à Darmstadt. Au tournant du 20e siècle, sous l’impulsion du grand-duc Ernst Ludwig, une troupe d’artistes y élut domicile. La colonie ainsi fondée devint l’un des centres névralgiques de l’architecture et de l’esthétique « Jugendstil », grâce notamment aux œuvres et aux constructions de Joseph Maria Olbrich, Peter Behrens et Bernhard Hoetger. Les demeures ornementées des artistes, le hall d’exposition, le bassin du Lys, le pavillon de jardin ou le mémorial de Gottfried Schwab symbolisent le vent de modernité qui soufflait alors. Cette avancée architecturale ouvrira notamment la voie au Bauhaus dont Peter Behrens, qui aura comme élève Walter Gropius, passe pour l’un des pionniers.

Vestiges romains

Le musée des Romains à Xanten, © LVR, Foto: Axel Thünker DGPh

Nom donné au système de fortification des frontières de l’Empire romain, le limes de Germanie inférieure intègre également le patrimoine mondial. Couvrant près de 400 kilomètres, il longe le fleuve Rhin, sécurisé par de nombreux forts, lesquels, à en croire Maria Böhmer, présidente de la Commission allemande de l’UNESCO sont « l’un des plus anciens vestiges de l’Empire romain. » Plus encore, les colonies établies sur les rives fortifiées ont constitué le noyau de grandes villes germaniques telles que Cologne et Bonn. « Le limes n’a pas seulement été utilisé pour défendre et isoler, mais a permis les échanges entre Rome et ses voisins », précise Maria Böhmer.

Le thermalisme à Bad Ems, Baden-Baden, Bad Kissingen

La Promenade de Bad Ems, © Shutterstock

Fruit de la candidature commune de sept pays européens, l’Unesco a retenu cette année 11 villes d’eau et de thermalisme. Parmi elles, Bad Ems, Baden-Baden et Bad Kissingen. De très vieille tradition, la « Bäderkultur » s’est particulièrement distinguée au début du 20e siècle, lorsque la mode des cures thermales s’empare du gotha européen. Baptisée « capitale d’été de l’Europe », Baden-Baden compte alors parmi ses invités prestigieux la famille impériale russe, mais aussi les grands auteurs Tolstoï, Tourgueniev, Gogol ou Dostoïevski. La beauté de ces lieux aux somptueux casinos, à l’imposante « Wandelhalle » conçue comme une basilique par l’architecte Max Littmann, nous ferait presque oublier les vertus curatives que l’on prête au thermalisme. Le succès des fameux sels naturels de la ville de Bad Ems ne s’est, à ce propos, jamais démenti.

Hauts lieux du patrimoine allemand

La cuvée 2021 monte à 51 le nombre de sites allemands répertoriés au patrimoine mondial dont voici quelques-uns des plus symboliques :

Le trône de Charlemagne dans la cathédrale d’Aix-la-Chapelle, © Takashi Images, Shutterstock

Le tout premier édifice du patrimoine allemand à être classé par l’Unesco en 1978 est la Cathédrale d’Aix-la-Chapelle (Aachener Dom), édifiée sous le règne de Charlemagne dont elle sera la dernière demeure (le roi des Francs y est inhumé en 814). Entre 936 et 1531, trente-et-un monarques allemands y sont couronnés. D’une valeur inestimable, le trésor de la Cathédrale d’Aix-la-Chapelle, l’un des plus importants d’Europe, comprend entre autres le trône royal, le buste de Charlemagne, la croix de Lothaire et des reliques christiques dont le manteau de la Vierge et les langes de l’Enfant Jésus qui attirent, aujourd’hui encore, des pèlerins du monde entier.

Le château de Reichenstein dans la Vallée du Rhin, © Shutterstock

Il n’y a pas que les bâtiments culturels qui peuvent faire l’objet d’un classement à l’Unesco : depuis 2002, la Vallée du Haut-Rhin moyen est inscrite au patrimoine mondial. Longue de 65 kilomètres, cette parcelle fut longtemps l’une des routes commerciales les plus sillonnées d’Europe, notamment sous le Saint-Empire germanique. Après une période féconde, les nombreux châteaux qui dominent ses flancs sont laissés à l’abandon. Ces ruines vont alors inspirer le courant romantique qui reprend à son compte les mythes et le folklore de la région. Parmi les grandes figures qui émergent à cette époque, citons la Lorelei. Depuis son rocher qui surplombe la vallée, cette célèbre nymphe envoûte les navigateurs pour les conduire au naufrage. Sa légende inspira de nombreux poètes, dont Heinrich Heine.

Le bâtiment du Bauhaus à Dessau, © Shutterstock

Mouvement esthétique majeur du 20e siècle, le Bauhaus renouvela l’approche de l’architecture et du design grâce à l’utilisation de matériaux inédits (béton, acier) et une pureté de courbes et de lignes associant abstraction et fonctionnalité. Fondée en 1919 à Weimar, l’ancienne école d’art dirigée par Walter Gropius fait aujourd’hui partie du patrimoine mondial. Les bâtiments Bauhaus de Weimar, Bernau et Dessau sont également classés par l’Unesco en 1996 puis en 2017.

Le complexe industriel de la mine de charbon de Zollverein à Essen, © Shutterstock

Haut témoignage de l’histoire industrielle allemande, les mines de charbon Zollverein à Essen, dans le bassin de la Ruhr, ont été inscrites au patrimoine mondial en 2001. En activité dès 1847, ces mines prirent leur essor à la toute fin du 19e siècle. En 1932, le puits 12, érigé dans le style Bauhaus, devient un symbole de l’industrie minière allemande. Depuis la fin de leur activité au début des années 1990, les mines d’Essen ont été reconverties en centre culturel, accueillant musées, expositions, galeries et activités de plein air. En été, s’y trouve même une piscine !

Biens allemands inscrits sur la liste du patrimoine mondial

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