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Jeux Olympiques d'Hiver 2022

Les médaillés allemands

Yasmine Guénard-Monin

© Shutterstock

20 février 2022

Avec douze médailles d’or, dix d’argent et cinq de bronze – soit 27 au total – , l’Allemagne s’est maintenue en 2022 à Pékin sur la deuxième marche du podium olympique, où elle s’était hissée en 2018 à Pyeongchang, en Corée du Sud. Mais elle s’est laissée distancier par la Norvège et ses 16 titres olympiques.

Les Allemands sont les rois de la glisse sur piste : voilà la conclusion sans appel des Jeux d’hiver de Pékin, organisés du 4 au 20 février, où la luge, le bobsleigh et le skeleton ont fourni presque les deux tiers des médailles de la délégation allemande. Grâce à ces triomphes, l’Allemagne a conservé sa deuxième place malgré un bilan légèrement moins bon qu’à Pyeongchang (elle avait alors remporté quatorze médailles d’or, un record) et fait oublier ses résultats décevants en biathlon, combiné nordique et patinage artistique.

Carton plein en luge et en skeleton

Natalie Geisenberger, Johannes Ludwig, Tobias Wendl et Tobias Arlt, © picture alliance / Johann Groder / EXPA / picturede | Johann Groder

La première médaille de la délégation allemande a donné la couleur : la luge serait noir-rouge-et-surtout-or. Dimanche 6 février, Johannes Ludwig a ouvert le jeu en remportant le titre olympique en luge monoplace. Il avait déjà obtenu l’or en relais en 2018, ainsi que le bronze en individuel. S’en est suivie une série de victoires plus éclatantes les unes que les autres : un doublé en monoplace femmes, remporté par Natalie Geisenberger, suivie par Anna Berreiter, puis un second doublé en double luge, où le duo des Tobias (Wendl et Arlt) a décroché son troisième titre olympique consécutif, devant Toni Eggert et Sascha Benecken.

Le relai par équipe mixte, discipline où l’Allemagne demeure invaincue depuis son introduction à Sotchi en 2014, a entériné la domination allemande en luge. Les quatre champions olympiques se sont chacun offert une deuxième médaille d’or pékinoise en devançant l’Autriche et la Lettonie. Natalie Geisenberger, déjà la lugeuse la plus titrée en championnat du monde, est devenue l’athlète allemande la plus décorée des Jeux d’hiver grâce à cette victoire, sa septième aux JO. Seule ombre au tableau clinquant des Allemands : en individuel, l’arrivée au pied du podium de Felix Loch, double champion olympique en 2010 et 2014. Une défaite qui ne l’a pas empêché de se réjouir des succès de ses camarades.  

Autre triomphe pour l’Allemagne : le skeleton, ce sport de casse-cou où les athlètes dévalent une piste tête la première, allongés sur le ventre sur une planche, à une vitesse pouvant atteindre 130 km/h. Côté hommes, le favori et double champion du monde Christopher Grotheer a décroché le premier titre olympique allemand dans cette discipline, suivi par son compatriote Axel Jungk. Côté femmes, Hannah Neise, benjamine des Allemandes à 21 ans, a créé la surprise en empochant l’or.

Le bob en or

La délégation allemande s’est illustrée une nouvelle fois dans le plus rapide des sports d’hiver, décrochant trois des quatre titres olympiques en jeu en bobsleigh cette année. En 2018, avant l’introduction du monobob (discipline féminine remportée à Pékin par les Etats-Unis), elle avait fait carton plein. Les Allemands ont d’abord réalisé un triplé en bob à deux, le premier de l’histoire olympique du bobsleigh. Le pilote Francesco Friedrich et son pousseur Thorsten Margis, partis favoris, ont remporté l’or, devant Johannes Lochner (avec Florian Bauer) et Christoph Hafer (avec Matthias Sommer). Les femmes ont quant à elles réalisé un doublé, Laura Nolte et sa pousseuse Deborah Levi arrivant en tête, suivies par la championne olympique de 2018 Mariama Jamanka et Alexandra Burghardt.

Francesco Friedrich avec Thorsten Margis, Candy Bauer et Alexander Schüller, © picture alliance/dpa/dpa-Zentralbild | Robert Michael

Enfin, l’équipe de bob a quatre pilotée par Francesco Friedrich a clôturé les JO en beauté en décrochant l’or le dernier jour de la compétition. Lochner est de nouveau arrivé deuxième, mais Hafer a terminé la course au pied du podium. En accédant à son quatrième titre olympique, Friedrich a égalé le record de son compatriote Andre Lange et est devenu le premier pilote médaillé d’or en bob à deux et à quatre lors de deux Jeux consécutifs. A la suite de cette victoire, Thorsten Margis a été choisi pour porter le drapeau allemand lors de la cérémonie de clôture : « C’est un honneur incroyable, a-t-il déclaré. Je crois que je suis, en Allemagne, le premier pousseur à avoir le droit de toucher un drapeau. » Son coéquipier Friedrich avait porté les couleurs allemandes lors de la cérémonie d’ouverture.

L’Allemagne a ainsi remporté neuf des dix épreuves disputées sur la piste de Yanqing. Au-delà du talent, des efforts et du perfectionnisme des athlètes, ces succès s’expliquent par un investissement de longue haleine dans les pistes d’entraînement (grâce à l’ancienne rivalité entre la RDA et la RFA, l’Allemagne en comptait quatre, un luxe, avant que celle de Königssee, en Bavière, soit détruite par les inondations de l’été 2021) et dans le matériel. Les bobs et les luges conçus à Berlin depuis les années 1990 par l’Institut de recherche et de développement de matériel sportif (FES) sont ainsi considérés comme les meilleurs du monde.

Le combiné nordique à l’épreuve

Les Jeux avaient mal commencé pour l’Allemagne en combiné nordique, discipline qui réunit le saut à ski et le ski de fond. Deux de ses meilleurs éléments, Eric Frenzel, champion olympique sur petit tremplin en 2014 et 2018, et Terence Weber, testés positifs au Covid, ont été mis à l’isolement pendant douze jours et n’ont pas pu concourir. Par chance pour les Allemands, le favori norvégien Jarl Magnus Riiber a également été mis en quarantaine.  

Vinzenz Geiger a sauvé le bilan et s’est montré un digne héritier de Frenzel en remportant l’or sur petit tremplin : classé onzième à l’issue du saut, il s’est rattrapé au cours des dix kilomètres de ski de fond et a dépassé son adversaire norvégien à moins de 500 mètres de la ligne d’arrivée. Le champion de 24 ans avait déjà été médaillé d’or en équipe à Pyeongchang.

Surprise en ski de fond et déception en biathlon

Victoria Carl et Katharina Hennig, © picture alliance / JFK / EXPA / picturedesk.com | JFK

En ski de fond, Katharina Hennig et Victoria Carl ont créé la surprise en distanciant les favorites suédoises et en remportant le sprint classique par équipes, après avoir déjà décroché l’argent en relais. Hennig n’avait même pas prévu initialement de participer à l’épreuve et avait remplacé au débotté sa collègue Katherine Sauerbrey, celle-ci ne se sentant pas bien. Les fondeuses ont ainsi renoué avec la tradition glorieuse du ski de fond allemand, qui s’était essoufflé après un âge d’or dans les années 2000. Même leur entraîneur, Peter Schlickenrieder, qui a entrepris de redorer le blason de la discipline, s’est montré étonné de ces succès : « En réalité, on est en avance sur le calendrier. »

En revanche, en biathlon, où les champions qui avaient offert l’or deux fois à l’Allemagne en 2018 n’étaient plus sur la ligne de départ, le bilan a déçu. L’équipe n’a obtenu qu’un seul titre, grâce à Denise Herrmann. La championne du 15 kilomètres avait commencé sa carrière en ski de fond et gagné le bronze à Sotchi.

Des tenues trop larges et un âge record

Une polémique vestimentaire aura marqué ces Jeux. Cinq concurrentes au saut à ski par équipes mixtes ont été disqualifiées à cause de leur combinaison jugée trop ample, ce qui leur aurait conféré un avantage. Au grand dam de l’équipe allemande, qui était jusque-là en deuxième position, Katharina Althaus s’est retrouvée au nombre des infortunées, alors même qu’elle avait remporté l’argent en individuel dans la même tenue deux jours plus tôt.

Claudia Pechstein, © picture alliance/dpa | Peter Kneffel

La porte-drapeau Claudia Pechstein a connu une victoire qui ne se mesure pas en médailles. En participant pour la huitième fois aux JO, la patineuse de vitesse âgée de 49 ans a battu le record du Japonais Noriaki Kasai. Arrivée dernière à sa course, la sportive allemande la plus décorée des Jeux d’hiver n’a pas ajouté de médaille à son brillant palmarès et a perdu son record de rapidité, établi en 2002, face à la Néerlandaise Irene Schouten. Pourtant, Pechstein est repartie rayonnante : « Pour moi, c’était une victoire. »

Beijing 2022 en ligne

Pékin 2022

Comme en 2018, la Norvège est arrivée première, creusant, grâce à ses 37 médailles – dont 16 d’or – l’écart avec l’Allemagne (douze titres). La Chine, pays hôte, s’est hissée sur la troisième marche du podium avec neuf médailles d’or. 

Jamais les Jeux d’hiver n’avaient eu un programme aussi chargé. Sept épreuves ont été introduites lors de cette édition, comme le relais mixte en snowboard et le Big air en ski acrobatique, une discipline qui consiste à s’élancer d’un tremplin et effectuer des figures libres dans les airs. 

A Pékin, l’atmosphère était glaciale. Plusieurs pays, comme les Etats-Unis, l’Angleterre ou encore le Japon, ont boycotté diplomatiquement les Jeux pour protester contre les violations des droits humains par la Chine, notamment à l’encontre des Ouïghours. Ils ont ainsi refusé d’envoyer des représentants politiques officiels pour accompagner leurs délégations sportives. 

Pour la première fois, la neige sur les pistes était presque à 100 % artificielle – les sites des Jeux ayant été érigés près du désert de Gobi, où, en hiver, aucune précipitation ne tombe pendant des semaines. Pour les défenseurs de l’environnement et les scientifiques, les Jeux « verts » promis par la Chine étaient dès le départ un mirage. 

Comme à Tokyo l’été dernier, les Jeux ont eu lieu sous bulle sanitaire. Les athlètes, testés quotidiennement, ont eu interdiction de quitter le village olympique et n’ont pu sortir de leur hôtel que pour se rendre sur les sites des compétitions. Les rares spectateurs conviés n’ont pas eu le droit d’applaudir et, afin d’éviter les contacts humains, les repas ont été servis par des robots. 

Kamilia Valieva, 15 ans, est devenue la première patineuse artistique à réaliser un quadruple saut, lors du concours par équipes. Malgré la découverte de son test positif à un produit dopant en décembre, la Russe a été autorisée à concourir en individuel en raison de son jeune âge et du manque de preuves. Mais Valieva s’est effondrée pendant le programme libre. Partie favorite, elle a chuté à deux reprises et fini sa performance en larmes et au pied du podium.

La Chine a profité de la double nationalité de plusieurs athlètes. La skieuse Eileen Gu, née d’un père américain et d’une mère chinoise, a décroché trois médailles pour le pays hôte : l’or en halfpipe et en Big air, l’argent en slopestyle. En hockey sur glace, la Chine a pu compter sur un régiment entier de joueuses canadiennes, naturalisées pour l’occasion – leur nom a été traduit en chinois.  

Trois chutes, zéro médaille et pléthore de critiques sur internet. La skieuse américaine Mikaela Shiffrin, partie favorite grâce à ses onze titres mondiaux et trois olympiques, a perdu chacune des six épreuves qu’elle a disputées. « Ce n’est pas toujours facile, mais ce n’est pas non plus la fin du monde d’échouer », a-t-elle réagi face au déferlement de commentaires haineux sur les réseaux sociaux.

Absent depuis 1998, le bob jamaïcain à quatre a fait son retour aux JO. Le quatuor avait concouru pour la première fois en 1988 et inspiré le film Rasta Rockett, succès de box-office des années 1990. A Pékin, la Jamaïque est arrivée dernière – mais l’important, c’est de participer. 

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