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Afrodeutsche

Allemands et noirs

Pascal Reine-Adelaide

Karamba Diaby, © ute-langkafel-maifoto

20. April 2021

Ils sont noirs, métis, café au lait, caramel, certains avec des cheveux bouclés ou frisés – et ils seraient près d’un million en Allemagne. On les appelle « Schwarze ». Certains préfèrent le terme d’ « Afrodeutsche ». Update auf Deutsch am Ende des Beitrags: Nach dem Tod von George Floyd.

Leur Histoire et leur vécu sont différents de ceux de la majorité des Allemands. Plongée dans une communauté qui doit faire face bien souvent au racisme et aux discriminations. Une communauté pourtant bien allemande.

Le 19 octobre 2019 mourrait dans un triste anonymat Theodor Wonja Michael. Il avait 94 ans, était allemand et avait été tour à tour figurant, comédien, journaliste et même espion. Il était un des derniers survivants des camps nazis. Plutôt, il était le dernier survivant noir allemand des camps nazis ! Des noirs allemands ? En Allemagne ?

Une tradition coloniale méconnue

Le premier noir allemand aurait été Anton Wilhelm Amo, originaire du Ghana, qui, enfant, est offert vers 1720 en cadeau au Duc de Brunswick-Wolfenbüttel. Sous la protection de ses riches propriétaires, il fera des études qui lui permettront plus tard d’obtenir une chaire de philosophie et un poste de professeur à l’université de Halle.

Mais tous n’ont pas la chance d’Amo. D’autres enfants, d’autres esclaves sont pris et ramenés de force des premières propriétés allemandes en Afrique, la Côte de l’Or, le Ghana actuel. En guise d’impôt, les riches commerçants allemands devaient en effet envoyer au Roi Frédéric Guillaume de Prusse « 12 garçons nègres, dont six décorés de chaînes d’or ».

Un siècle plus tard, en 1884, les relations entre les puissances européennes se tendent, sur fond d’expansion et de compétition coloniale en Afrique. Sous couvert de philanthropie et d’humanisme, toutes veulent tirer profit des riches terres africaines. Le traité de Berlin de 1884 va ainsi fixer les règles de partage et d’occupation de l’Afrique. L’esclavage est aboli, honni ; le colonialisme peut commencer !

Si les commerçants allemands chers à Bismarck occupent des territoires en Afrique depuis plusieurs années, c’est officiellement de 1883 à 1885 que l’Allemagne va débuter l’occupation de l’Ouest du continent (actuels Cameroun et Togo), une partie du Sud-Ouest africain (actuelle Namibie) et de l’Afrique orientale (actuelle Tanzanie) jusqu’au Rwanda. Quelques Africains sont alors envoyés en Allemagne pour étudier, et ainsi pouvoir participer à l’encadrement des futures administrations coloniales dans leur pays.

Tout n’est cependant pas si vertueux. Dans les colonies, les relations interraciales sont strictement encadrées. Les mariages mixtes sont rendus compliqués, voire impossibles. Les enfants métis ne sont pas reconnus par l’Etat allemand. Les chefs des ethnies qui résistent au soi-disant « bien fait » du colonialisme sont pendus. De 1904 à 1908 les Namas et les Hereros, ethnies de Namibie, sont méthodiquement exterminés. Bernhard Dernburg, Directeur des affaires coloniales de l’Allemagne, déclare « certaines tribus indigènes, tout comme certains animaux, doivent être détruites ». C’est le premier génocide du 20e siècle : dans les sordides camps d’internement, des médecins allemands mèneront des expériences sur les enfants, femmes et hommes noirs, et serviront de modèles au médecin nazi Mengele.

Jusqu’à la fin des années 30 d’autres colonisés africains seront déportés pour peupler les zoos humains qui vont animer les centres commerçants des grandes villes allemandes et occidentales durant des années. Là, en cage ou dans des villages factices reconstitués, ces femmes et ces hommes noirs vont servir d’attractions aux côtés des lions et autres éléphants. Les noirs, « monstres humains », sont moqués, caressés craintivement par des enfants blancs à qui l’on disait que le noir était plus proche de l’animal, du singe que de l’homme…

« Bâtards rhénans »

En ce début de 20e siècle, on estime qu’entre 1000 et 3000 noirs résident en Allemagne. Leur statut de citoyen allemand des colonies est incertain, leurs droits sont minimes. Après la première guerre mondiale, l’Allemagne endure honteusement la défaite et se dit humiliée par l’occupation des troupes alliées, composées en partie de soldats noirs en Rhénanie. C’est la « Honte noire » ; on en a fait le film « Die schwarze Schmach ».

La presse d’extrême droite parle de viols de masse commis par ces soldats noirs. Plus tard, les rapports militaires démentiront les sordides rumeurs. Entretemps, des unions entre soldats noirs et femmes allemandes se créent malgré les interdictions et les rejets. Leurs enfants seront les « bâtards rhénans ».

Pendant la « Grande Dépression » de 1929 tous ces noirs ou métis allemands sont oubliés, et ne perçoivent aucune aide de l’état contrairement aux autres; ils ne sont pas officiellement allemands. Hitler plus tard, sera radical : ils perdent tous leurs droits.

Les nazis les expédient dans des camps de travail à l’instar de Theodor Wonja Michael. Environ 500 enfants noirs seront stérilisés, dont Hans Hauck qui raconte dans le documentaire « Hitler’s Forgotten Victims’ » qu’après son opération on lui avait remis, lui enfant métis, un certificat de stérilisation qui l’autorisait à travailler, mais lui interdisait de se marier ou d’avoir des rapports sexuels avec des personnes « de sang allemand ».

A la fin de la seconde guerre mondiale, les troupes d’occupation composées en partie de soldats afro-américains, afro-caribéens ou africains vont encore une fois, malgré les règles militaires racistes, se mêler aux populations locales. Des « brown babies » ou « war babies » naissent : le gouvernement ouest allemand va pendant longtemps les rejeter. En Allemagne de l’Est, de l’autre côté du mur, des Africains, frères communistes, s’installent aussi. Ils viennent étudier, vivre et fonder parfois eux aussi des familles interraciales – et découvrent le racisme communiste en RDA.

« Afrodeutsche »

Mais, ces femmes et hommes noirs, métis, nés en Allemagne parlant allemand, de culture maintenant allemande, sont-ils somaliens, camerounais, américains, européens ou simplement allemands ?

Audre Lorde, intellectuelle féministe afro-américaine, de passage à Berlin dans les années 80, lance l’idée de recenser les initiatives de femmes artistes noires, métisses et allemandes et à l’identité floue.

Elle crée le concept d’ « Afrodeutsche » qui vient répondre en écho aux maux identitaires de ces noirs allemands. Le terme « Afrodeutsche » n’entre officiellement dans les dictionnaires allemands qu’en 2006. D’autres initiatives, telles l’Initiative Schwarze Menschen in Deutschland Bund (ISD), cherchent à regrouper toutes ces personnes, Afrodeutsche, afin de créer un imaginaire noir allemand progressif et positif. Entre autres, le mouvement souhaite  re-baptiser des noms de rue qui portent aujourd’hui les stigmates de cette triste histoire coloniale, telle la « Mohren-Straße » à Berlin. La « rue des Sarrasins » !

Mais plus généralement, et en s’appuyant sur une jeune génération plus active et politique, tous ces mouvements (certains sont féministes) veulent sortir d’un discours victimaire et revendiquent maintenant une place réelle et effective dans la société allemande pour ces Afrodeutsche.

La route reste encore longue

Car ils sont là, près d’un million en Allemagne. Ils sont allemands et noirs. La route reste encore longue avant d’être complètement acceptés. Pas facile de vivre en tant que noir et métis dans ce tableau des imaginaires dans lequel tous les Allemands sont forcément blonds et grands.

Anja R., 19 ans, métisse : « Bien sûr que je me sens allemande. Mais je me sais aussi différente de par mes origines et ma couleur de peau. De toute façon, je ne peux oublier que je suis différente, car mes camarades étudiants me le rappellent souvent en me faisant toujours un moment ou un autre des remarques sur mes origines. Est-ce que cela me blesse ? Oui et non. Oui, car cela reste discriminant et me fait me rendre compte que je suis différente, « Autre ». Mais parce que justement je suis « autre », je me sens plus riche en tant qu’Allemande et j’en tire une fierté ».

Vedettes

Leroy Sane aujourd’hui, hier Gerald Asamoah, et avant cela Jimmy Hartwig, Erwin Kostedde ont fait tour à tour les beaux jours de la Bundesliga et des supporters de la Nationalmannschaft.

Kid Soul, Serious Klein, Juju Rogers sont les nouvelles stars de la scène Rap et Soul allemande. Leurs vidéos sont visionnées sur les réseaux sociaux par des millions de fans. Hier déjà, les stars de la musique s’appelaient Joy Denalane, Samy Deluxe ou Ayo. Afrodeutsche !

En 2012, John Ehret est élu maire de la petite ville Mauer dans le land du Bade-Wurtemberg. En 2013 c’est au tour de Karamba Diaby du SPD, de Charles M. Huber de la CSU, et en 2019 d’Aminata Touré pour les verts d’être à leur tour élus dans les plus hautes assemblées législatives allemandes. Eux aussi sont des Afrodeutsche !

Florence Kasumba, © Shutterstock

« Tatort », le totem inamovible de la télévision allemande, la série policière du dimanche soir, a vu sa commissaire prendre les traits et la couleur de l’actrice allemande mondialement connue (elle a joué dans le film « Black Panther »), Florence Kasumba. Une autre Afrodeutsche.

L’arrivée récente des milliers de réfugiés originaires d’Afrique orientale ou du moyen orient participera encore au fait noir et métis en Allemagne – un pas de plus vers la normalité.

Un futur à construire ensemble

Après avoir été agressé dans les années 90, le député Karamba Diaby déclarait en 2010, quelques années avant son élection, que le racisme n’était plus un problème en Allemagne et notamment à l’Est, où il vit depuis plus de 30 ans. Il doit regretter ce temps et cette déclaration. Récemment, il a été victime de nouvelles menaces racistes et s’ouvrait, inquiet de ce nouveau climat, à la chancelière Angela Merkel. Pire, un rapport de l’ONU en 2017 notait un racisme d’Etat, voire structurel en Allemagne qui entravait la vie de ces noirs pour la recherche d’appartements, d’un travail, ou dans leurs relations avec les administrations fédérales. Les rapporteurs avaient sûrement en tête les morts suspectes d’Oury Jalloh, mort brulé dans sa cellule, les pieds et les mains liés, ou de N’deye Mareame Sarr, abattue par deux policiers dans des conditions troubles…

Oumar Diallo, qui vit à Berlin depuis plus de 20 ans, raconte son expérience à son retour d’un voyage de vacances en Espagne: « J’étais le seul noir de l’avion, et j’ai été le seul à être contrôlé par la police. Même s’ils m’ont assuré que la couleur de ma peau n’avait rien à voir avec le contrôle. »

Le rapport de l’ONU fait état de contrôles au faciès de plus en plus fréquents que doivent subir les personnes de couleur en Allemagne. Ledit rapport propose des pistes et préconise un plan national pour l’amélioration de la vie des noirs allemands avec entre autres l’embauche de ces Afrodeutsche dans les administrations. Ou encore, un meilleur apprentissage de l’histoire coloniale allemande dans les écoles. Le rapport de l’ONU rejoignait les inquiétudes du Parlement européen sur le sujet qui lui, et afin de combattre la banalité de ce racisme, recommandait en mars 2019 l’intégration de ces Afrodeutsche dans des productions télé et cinématographiques allemandes.

En effet, les agressions racistes augmentent (+ 40 % en Saxe), et restent confinés aux faits divers. Signe de cette triste évolution, dans un pays où la parole s’est libérée avec la résurgence des mouvements d’extrême droite, les insultes racistes se font de plus en plus nombreuses. Gerald Asamoah, international Allemand, était déjà traité de « singe » dans un stade allemand en 2006, peu de temps après la Coupe du monde de football. « Tu peux faire tout ce que tu veux pour le pays, tu restes malgré tout le noir », déclarait-il, fataliste. Quelques années plus tard, c’est au tour de Jerôme Boateng la star internationale de Football multi titrée et primée, du Bayern de Munich d’être au centre d’une polémique créée par Alexander Gauland, vice président de l’AFD, parti d’extrême droite. Celui-ci déclare que « personne n’aimerait avoir (Boateng) comme voisin ». Scandale ! Malgré les plates excuses du parti et les dénégations de Gauland, le mal est fait. Pire, elle est vécue par beaucoup de ces Afrodeutsche comme symptomatique d’un rejet.

Pas grave cependant, les Afrodeutsche sont et restent là ! Fiers de leur origine et d’être allemands. Et comme le dit ce même Oumar Diallo, contrôlé par la police : « Nous sommes une chance pour ce pays ! C’est ma façon de voir les choses ».

Black and Proud ! And German !

Nach dem Tod von George Floyd

Pascal Reine-Adelaide

„Einfach nur schwarz“ (Tout simplement noir) ist im Sommer 2020 der Titel einer erfolgreichen Filmkomödie in Frankreich, mitten in der Covid-Krise. Es ist die Geschichte von Jean-Pascal Zadi, Schauspieler und Regisseur des Films, der in Paris einen großen Protestmarsch zu Ehren Schwarzer organisieren möchte. Es ist auch der Zustand von einigen Millionen Afroabstammenden im Herzen Europas, die einen anderen Alltag leben als die Mehrheit in Europa.

Mitte der 1980er-Jahre

Sie sind zwei, große, gut aussehende junge Männer, kaum zwanzig Jahre alt, Studenten oder fast Studenten, lachend, ausgelassen. Sie sprühen vor Leben. Nichts unterscheidet sie von anderen in ihrem Alter.

An diesem Abend sind sie aus ihren Vorstädten und mit ihren Kumpels aus anderen Vorstädten aufgebrochen, um in Paris zu feiern. Dort wurde ihnen mehrmals am Eingang der Clubs gesagt, dass sie keine Mitglieder seien und daher keinen Zutritt hätten. Im Gegensatz zu anderen … Sie sind Mitglieder des Clubs derer, die keinen Zugang zu solchen Orten haben. Das haben sie schon lange erkannt.

Dennoch unterscheidet sie so gut wie nichts von anderen Jugendlichen ihres Alters. Das macht nichts, sie kennen es und wissen, wie man ausweicht und darüber lacht. Sie beenden die Nacht in einem anderen, vertrauteren Club, mit ihren Freunden, ihrer Musik und ihrer Welt. Fünf Uhr morgens, erste U-Bahn, Station Anvers, alle treffen sich auf den Bahnsteigen, um in ihre Vorstädte zurückzukehren. Plötzlich Schreie, Schüsse, Hundegebell … Tränengas. Scharf gemachte Hunde stürmen auf die Bahnsteige; ihre Mäuler sind durch die Spannung der Maulkörbe entstellt; sie werden von hochmotivierten und bedrohlichen Polizisten mühsam in Zaum gehalten.

Die Jugendlichen auf den Bahnsteigen, die wenige Minuten zuvor noch laut gelacht und sich über unwahrscheinliche Flirts oder die Tanzschritte der einen oder anderen lustig gemacht hatten, sitzen wie gelähmt auf den Plastiksitzen der RATP. Andere pressen ihre jungen, zerbrechlichen Körper an die Werbeplakate des Bahnhofs.

Sie haben Angst und senken den Kopf. Sie haben nichts getan, aber sie haben alles verstanden. Die Hunde bellen, die Polizisten schreien und beschimpfen sie. Nichts unterscheidet sie von anderen Jugendlichen in ihrem Alter, die überall in Frankreich oder Paris sind, vielleicht sogar nur ein paar hundert Meter von ihnen entfernt, zur selben Zeit, auf einem anderen Bahnsteig, in einer anderen Welt … Nichts, außer ihrer Hautfarbe. Sie sind schwarz.

2020

2020, also 40 Jahre später, wo stehen wir in Frankreich, in Deutschland, in Europa?

Eine deutsche Europaabgeordnete, Pierrette Herzberger-Fofana, kommt aufgelöst zu uns und berichtet von einer demütigenden Konfrontation, die sie mit der belgischen Polizei bei einer harten Kontrolle in Brüssel hatte. Unter anderem haben die Polizisten ihr nicht geglaubt, dass sie Deutsche, Abgeordnete und somit von Rechts wegen in Europa ansässig ist.

In den französischen Nachrichten wird vom Aktivismus einer schwarzen Frau, Aïssa Traoré, berichtet, die in den Medien allgegenwärtig ist und eine neue Untersuchung des Todes ihres Bruders Adama Traoré fordert, der 2016 nach einer gewaltsamen Festnahme starb. Zur Unterstützung marschierten Tausende mehrheitlich junge Schwarze durch die Straßen von Paris und andere Städte Frankreichs. Diese Demonstrationen verliehen dem Tod von George Floyd in den USA am 25. Mai 2020, der ebenfalls nach einer Festnahme durch Polizisten starb, eine einzigartige europäische Resonanz. Auch George Floyd war schwarz.

In den USA gab es Demonstrationen, aber auch hier in Europa, in Brüssel, Berlin und Paris. Überall derselbe Slogan: Black Lives Matter! Gibt es ein schwarzes Unbehagen in Europa? Gibt es Schwierigkeiten, in Europa zu leben, wenn man schwarz ist oder als Schwarzer geboren wird? Kann man schwarz und europäisch sein? Schwarz und französisch? Schwarz und deutsch?

In Deutschland sind 2019 die Fälle von „gemeldeten“ rassistischen Handlungen um 10 % gestiegen. Für Bernhard Franke, Chef der Antidiskriminierungsstelle des Bundes ADS, ist 2019 das Jahr, in dem Hass und Feindseligkeit gegenüber Minderheiten besonders stark ausgeprägt waren.

So sehr, dass die Abgeordneten des Landes Berlin im Eilverfahren ein Antidiskriminierungsgesetz verabschieden mussten. Im Jahr 2018 wies ein Bericht der Agentur für Grundrechte der Europäischen Union auf einen endemischen europäischen Rassismus hin, der für Menschen mit dunkler Hautfarbe größere Schwierigkeiten bei der Wohnungssuche oder beim Zugang zu guten Arbeitsplätzen bedeutete. Hinzu kommt ein sozialer Alltag, der oft durch Schikanen, Bemerkungen oder Beleidigungen am Arbeitsplatz, von staatlichen Behörden oder sogar von der Polizei erschwert wird.

Alltäglicher und banalisierter Rassismus

In Frankreich wird die Polizei, die ein Spiegelbild der Gesellschaft ist, gewalttätig. Die ärmsten Bevölkerungsgruppen, häufig dunkelhäutig (Schwarze, Nordafrikaner usw.), sind überproportional oft die Opfer.

Jacques Toubon, der französische Verteidiger der Rechte Défenseur des droits (der die Einhaltung der Menschenrechte überwachen soll), ehemaliger konservativer Kultur- und Justizminister (Union pour un mouvement populaire UMP) und nicht das, was man als gefährlichen Kommunisten bezeichnen könnte, der den Dschihadismus oder die Militanz von Black Lives Matter unterstützt, räumte in einem Bericht ein, dass ein schwarzer oder nordafrikanischer Jugendlicher 20-mal häufiger kontrolliert wird als ein weißer Jugendlicher. Er rief zu einer Veränderung der Gepflogenheiten auf – in der französischen Gesellschaft. Gewiss.

In Deutschland leugnet die Bundesregierung jeglichen Rassismus bei der Polizei. Doch Berichte der Vereinten Nationen (2017) oder des Europäischen Parlaments (2019) zeigten sich besorgt über die Zunahme eines ebenfalls systemischen Rassismus, der von den Bundesbehörden in Deutschland praktiziert wird, sowie über die immer häufigeren polizeilichen Kontrollen, die aus keinem anderen Grund als den der Diskriminierung durchgeführt werden. Außerdem hat auch die deutsche Polizei ihre dunklen Geschichten, wie den verdächtigen Tod von Oury Jalloh, der 2005 in seiner Zelle an Händen und Füßen gefesselt verbrannt aufgefunden wurde, oder den von N’deye Mareame Sarr, die 2001 von zwei Polizisten erschossen wurde … Neben der Gewalt und/oder den Schikanen der Polizei gibt es auch den Alltag junger Franzosen, Deutscher, Europäer und Schwarzer.

Im Land der Freiheit, Gleichheit und Brüderlichkeit

In Frankreich, dem Land der Freiheit, Gleichheit und Brüderlichkeit, ist es besser, nicht schwarz zu sein, wenn man eine Wohnung sucht – trotz der Dementis der Immobilienverbände und der guten Vorsätze der einen oder anderen!

Eine 2019 fast ein Jahr lang durchgeführte Studie von SOS Racisme zeigte, dass bei der Wohnungssuche im Großraum Paris die Chancen für Schwarze, eine Wohnung zu finden, um fast 40 % verringert (28 % für einen Nordafrikaner, 15 % für einen Asiaten …). Privatpersonen, die Wohnungen besitzen, werden beschuldigt, da sie fast immer (88 %) nichtschwarze Kandidatinnen und Kandidaten berücksichtigen. Die Immobilienagenturen, die an eine (immer weniger verbindliche) Verhaltenscharta gebunden sind, kommen in der Studie kaum besser weg. Eine Immobilienagentur wurde 2019 wegen einer diskriminierenden Anweisung an ihre Angestellten aus dem Jahr 2006 verurteilt: „keine Schwarzen, keine Gelben und keine Araber“; eine andere Agentur schrieb 2016 auf ihrer Vermietungsseite „französische Staatsangehörigkeit obligatorisch; keine Schwarzen!“, bevor sie sich öffentlich entschuldigte.

In Deutschland ist die Geschichte ähnlich

Hamado Dipama, der aus Burkina Faso stammt und seit über 10 Jahren in Bayern lebt, wollte die Deutschen an den Rassismus im Land erinnern, indem er einen Vermieter verklagte. In Augsburg hatte der Vermieter eine Anzeige für seine Wohnung mit der Aufschrift „nur für Deutsche verfügbar“ geschaltet. Der Vermieter, der dafür von einem örtlichen Gericht zu einer Geldstrafe von 1000 Euro verurteilt wurde, hatte, wie viele andere in Deutschland, vergessen, dass rassistische oder religiöse Diskriminierung verboten ist, obwohl er, wie er behauptete, „schlechte Erfahrungen mit Türken“ gemacht hatte. Es gibt viele freie Wohnungen, die plötzlich nicht mehr verfügbar sind, wenn sich die Person, die sich bewirbt und am Telefon so gut Deutsch spricht, als schwarzer Mann oder schwarze Frau herausstellt.

Auch am Arbeitsplatz gibt es immer noch Diskriminierungen. In Deutschland scheint das Problem jedoch weniger offensichtlich zu sein. Laut einer 2019 veröffentlichten Umfrage ist Deutschland ein guter Schüler in Bezug auf Rassismus am Arbeitsplatz, da hier „nur“ 24 % rassistische Handlungen erlebt oder beobachtet haben (im Vergleich zu 30 % in Frankreich).

Wer aber kann in Frankreich oder Deutschland berichten, einen schwarzen Chef oder Vorgesetzten zu haben? In Frankreich sind schwarze Führungskräfte oder Leiter von allgemeinen Abteilungen selten. Laetitia Hélouet, Ko-Präsidentin des Club 21e siècle: „Laut einem Ende 2017 durchgeführten Erhebung sind weniger als 1 % der Direktoren der französischen Börsen-Leitindex-Unternehmen CAC 40 und SBF 120 Franzosen mit nichteuropäischer Herkunft. Seitdem hat sich die Situation nicht verbessert.“

Infolgedessen kommt es häufig vor, dass afrikanischstämmige Hochschulabsolventen beschließen, Frankreich oder Deutschland zu verlassen und in angelsächsische Länder zu gehen, wo paradoxerweise die positive Diskriminierung einige wenige Chancen bietet. Und wenn diese Türen auch dort verschlossen bleiben, bleibt nur die Auswanderung nach Afrika oder in die ehemaligen Kolonien. Paradoxerweise können sie dort, auch wenn sie diese Länder oder Kulturen kaum kennen, da sie in Frankreich oder Deutschland geboren wurden, als Schwarze Stellen finden. Sie müssen sich nicht mit der Barriere der Hautfarbe auseinandersetzen. Der Kreis ist geschlossen!

Schwarze Stars

Musik und Sport bilden eine Ausnahme. Dort haben die Qualitäten von Schwarzen oder Afrostämmigen längst die Schranken gesprengt. Ob in Deutschland oder Frankreich und in fast allen europäischen Ländern haben die sozialen Netzwerke und die Charts diese Schwarzen in den Rang von Superstars erhoben: Ayo, Joy Denalane, Patrice, Samy Deluxe in Deutschland, Oxmo, Maitre G., Joey Starr etc. in Frankreich.

Die französische Fußballmannschaft, die 2018 Weltmeister wurde, bestand aus sieben oder sogar acht afrostämmigen Spielern. Jérôme Boateng, Serge Gnabry und Leroy Sane sind oder waren drei der unumstrittenen Spitzenspieler der deutschen Nationalmannschaft. Diese Schwarzen sind im Vergleich zur Bevölkerung ihres Landes überrepräsentiert und üben ihren Sport aus, wobei sie immer noch häufig von denjenigen beleidigt werden, die immer noch am Recht dieser Fußballstars zweifeln, Frankreich oder Deutschland zu vertreten.

Auch die Überrepräsentation von Afroamerikanern im Sport und in der Musik sollte Fragen aufwerfen. Denn sie bestätigt den Erfolg in Bereichen, in denen die soziale Anerkennung über den Körper erfolgt. Denn obwohl man viele Schwarze oder Afroamerikaner in Sportmannschaften oder auf der Bühne sieht, sind sie in den Führungspositionen und im Management der großen Sport- oder Musikinstitutionen weniger zahlreich vertreten. Es bestätigt sich somit, nach dem Vorbild der afroamerikanischen Sozialstrukturen, eine Verarmung der afrostämmigen Bevölkerungsgruppen in Europa. Der Kreis schließt sich.

Welche Zukunft haben Afroeuropäer?

Sicherlich sind die amerikanische, die französische und die deutsche Geschichte unterschiedlich. Aber man muss feststellen, dass das Leben als Schwarzer in diesen Ländern mit weißer Mehrheit komplizierter ist; alle Zahlen und Erhebungen, sofern es sie gibt, belegen das. Ob beim Wohnraum, bei der Arbeit oder im Alltag, es ist besser, weiß als schwarz zu sein. Was ist zu tun?

Foto : Detlef Harnisch

Es bleibt die tägliche, uneigennützige Arbeit einiger weniger und insbesondere von Vereinen für eine gerechtere Gesellschaft und die Hoffnung auf bessere Zeiten. Dies wird übrigens von allen betroffenen Akteuren in Europa, Frankreich und Deutschland gefordert: eine dynamischere Politik zur Integration dieser Bevölkerungsgruppen in die Behörden, strengere Gesetze, die rassistische Verhaltensweisen bei der Polizei und in den Behörden, aber auch im Alltag bestrafen, anonyme Lebensläufe bei der Einstellung und sogar positive Diskriminierungsmechanismen in den Medien.

Martin Luther King erklärte: „Entweder wir leben als Brüder zusammen oder wir sterben als Idioten.“ Das ist richtig. Léopold Senghor, der Dichter und Präsident Senegals, sagte: „Zwei Völker begegnen sich; sie bekämpfen sich oft, aber sie vermischen sich immer.“

Wie die beiden Jungs, die in den 1980er-Jahren in die Nachtclubs gingen und heute fast 60 Jahre alt sind und Illusionen hatten, die im Laufe ihres Lebens verschwunden sind.

Sie haben Kinder im Teenageralter, junge Erwachsene mit französischen, deutschen und europäischen Wurzeln! Gerade ihre Kinder waren es, die am 2. Juni 2020 in Paris demonstriert und Black Lives Matter gerufen haben! Diese Kinder gehören zu dieser anspruchsvollen und frenetischen Generation: Nicht mehr mit dem Kopf nach unten! Stattdessen alles fordern! Alles und sofort!

Ja, Black European Lives Matter!

PS: Am 20. April 2021 wurde der weiße Polizist Derek Chauvin in Minneapolis vor Gericht wegen Mordes, fahrlässiger Tötung und vorsätzlicher Gewaltanwendung mit Todesfolge gegen den Afroamerikaner George Floyd angeklagt; er wurde sofort inhaftiert und am 25. Juni 2021 zu 22,5 Jahren Haft verurteilt.

Übersetzung: Jörg-Manfred Unger

Dialog Dialogue

3 Kommentare/Commentaires

  1. Chapeau bas an Herrn Reine-Adelaide: Ein wirklich aufrührender Appell! Ich fühlte mich gerade auch deswegen von der Lektüre dieses Textes ganz besonders berührt, weil mir dabei immer wieder die alltägliche Situation in meinem Klassenzimmer auf Réunion vor meinem inneren Auge erschien: Dort sind die Schüler weißer Hautfarbe in der Minderheit. Doch keinem ihrer nichtweißen Klassenkameraden käme es in den Sinn, sie deshalb scheel anzugucken oder gar anzupöbeln oder Schlimmeres zu tun. Die métissage und ein aufrichtig gelebter Multikulturalismus (welch ein entsetzliches Wort) sind hier bei uns doch tatsächlich gelebter Alltag, allen beunruhigenden Fassadenerfolgen des Rassemblement national auch auf Réunion zum Trotz. Der aufrechte Menschenrechtler M. Luther King und der menschlich so einfühlsame Dichterfürst L. S. Senghor, die Pascal Reine-Adelaide so treffend anführt, haben also vielleicht doch noch eine Chance, Recht zu behalten, zumindest mancherorts …

  2. Merci pour votre lecture et votre intérêt pour ce texte qui arrive à un moment où effectivement les menaces et les faits racistes se font de plus en plus nombreux en Allemagne, mais plus généralement en Europe. Travaillons à un monde meilleur et plus bienveillant !

  3. Dieses Thema interessiert mich sehr, besonders, weil ein guter Freund von mir sehr davon betroffen ist. Er ist in Guinea geboren und als Jugendlicher über den Senegal nach Frankreich und schließlich nach Deutschland gekommen, hat Abitur gemacht und Medizin studiert. Er arbeitet seitdem im sozialen Bereich, spricht perfekt Deutsch und Französisch und hat die deutsche Staatsangehörigkeit. Er sagt mit großer Inbrunst: Ich bin Deutscher! Ich bin Deutschland sehr dankbar für meine Möglichkeiten und mein Leben hier!
    Seit einigen Jahren erlebt er zunehmend Diskriminierung in der Öffentlichkeit, auch bei Behördengängen, die er beruflich bedingt mit behinderten Menschen machen muss. Seine schwer kranke Frau muss häufig in stationäre Behandlung ins Krankenhaus. Auch dort wird er häufig vom Personal offen fremdenfeindlich behandelt. Schade, dass Ihr Artikel nur auf Französisch erschienen ist, meine Kenntnisse sind leider sehr „bescheiden“ und ich kann den Inhalt nur sinngemäß verstehen – aber das Lesen war eine gute Übung!

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