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Covid-19

Etat d’urgence

Sophia Bonbon et Benoît Faedo

La propagation du coronavirus dans un corps humain, © Unsplash

25 mars 2020

La pandémie du coronavirus est à la Une des médias. La crise sanitaire du Covid-19 a complètement chamboulé la vie quotidienne en Allemagne. Deux comptes rendus – de Cologne et de Berlin.

Dimanche, 5 avril 2020 : Il est 19h30, dans mon quartier, à Cologne, les cloches sonnent. Elles se font entendre bien plus fort que d’habitude et cela quotidiennement. À Cologne, dans toute l’Allemagne, afin de remercier tous ceux qui se sacrifient et travaillent jusqu’à épuisement.

Ma vie familiale

En ces temps de confinement généralisé et de télétravail obligatoire me voilà aussi confinée depuis maintenant trois semaines avec deux enfants dans un appartement colonais.

C’est venu brusquement ; une lettre du directeur du collège nous annonce que l’école ferme ses portes, et ce, pour trois semaines. Lundi et mardi, c’était parfait, avec les enfants nous avons considéré ces deux jours comme deux jours de vacances. Ce qui était plutôt une période d’adaptation. Mercredi, la première unité en ligne de l’école est arrivée. Les enfants ont fait bravement leurs exercices et ont beaucoup apprécié la nouvelle situation. Le deuxième jour, les questions ont commencé : « Maman, je ne comprends rien, tout est écrit en anglais… »… « Maman, est-ce que tu peux ouvrir le document du prof de biologie sur ton ordinateur ? »…. Le troisième jour, ma fille, 10 ans, très disciplinée, se lève tôt comme d’habitude et s’installe directement devant sa tablette, mon fils, 13 ans, dort, et dort… jusqu’à 10 heures et décide à partir de ce moment de faire ses devoirs dans la soirée. Le soir, il est mieux concentré et peut mieux apprendre. Le midi, les enfants ont faim et la cantine est fermée. Alors, je constate que je suis femme au foyer sans le vouloir et c’est parti pour faire le petit déjeuner à la maison, et la cuisine le midi et encore le soir.

Notre vie professionnelle

L’université annonce, elle aussi qu’elle ferme ses portes et nous demande d’effectuer les cours en ligne jusqu’en juillet en précisant qu’il s’agit d’une exception due à la pandémie. Du jour au lendemain, l’université passe entièrement au numérique. À la maison, il faut installer de nouveaux programmes, s’initier au fonctionnement des équipements de vision, adapter les cours à la technique et être prêt pour la rentrée universitaire le 20 avril. Sans oublier qu’il faut régulièrement télécharger les documents scolaires des enfants. On nous encourage en disant qu’on y arrivera, on nous fait confiance. La seule chose que j’arrive vraiment à apprécier est que c’en est fini avec le « métro, boulot, dodo » pour aller travailler à Bonn, une heure pour un trajet avec des trains surchargés et constamment en retard !

Mon mari, employé au centre hospitalier de Cologne, quant à lui, part tôt le matin, comme un soldat qui part en guerre, combattre en première ligne, sans armes, sans casques et surtout … sans masques. Lorsqu’il entend que les premiers patients d’urgence du coronavirus d’Italie arrivent pour être soignés, c’est l’angoisse. L’ennemi invisible s’est introduit dans l’hôpital, comme le cheval de Troie.

Le soir, quand il rentre, les enfants sont si joyeux de le revoir… C’est en voyant, les images du personnel soignant en Italie à la télévision, les photos dans le journal, et surtout en entendant combien de membre du personnel soignant en Italie ou encore en Chine sont déjà décédés que j’ai compris pourquoi les enfants pendant la journée sont calmes, très calmes, trop calmes…

Sophia Bonbon, 54 ans, chargée de cours à l’université de Bonn, vit à Cologne

Liens

Comptes rendus de France, la situation en Allemagne, la situation en France

Compte rendu de Berlin

« Santé pour tous ! À bientôt ! » © Benoît Faedo

Tu sais que tu es en confinement à Berlin quand… :

– chaque jour, dans la rue, de plus en plus de gens portent des masques, le plus souvent faits maison
– tu hésites encore à faire le tien ou à déposer du tissu chez ton tailleur le plus proche
– à la caisse du supermarché, à la pharmacie et devant les cafés, des marques au sol indiquent les distances que doivent respecter les clients…
– … et les gens respectent scrupuleusement ces indications
– tous les restaurants deviennent à la fois livreurs et drive-in
– mais ce sont les épiceries qui ont deux fois plus de clientèle que d’habitude et il y a la queue devant les kebabs
– dans la rue, dans les parcs, les gens sont plus silencieux et se tiennent à distance
– ce qui ne t’empêche pas de les entendre tous parler du coronavirus et des aides financières qu’ils espèrent recevoir
– du coup tu connais forcément l’IBB et le Corona-Zuschuss
– il y a des Gabenzäune qui fleurissent un peu partout
– d’ailleurs, tout le monde en profite pour faire son ménage de printemps et les cartons de bibelots « zum mitnehmen » (à emporter) fleurissent aux pieds des immeubles (et on fait de bonnes affaires)
– ta voisine d’en face, celle du premier, chante et danse tous les soirs à 19h, et tout le monde applaudit dans la rue
– mais tu préfères quand même Berlins Club Kultur in Quarantäne
– cela dit, avant de danser, tu regardes une dernière fois le live berlinois du Tagesspiegel
– les cinémas et salles de concert t’adressent des messages mêlant au revoir, espoir et vœux de bonne santé
– tu connais ton quartier sur le bout des doigts à force de l’arpenter chaque jour à pied ou à vélo
– manger (beaucoup), travailler (un peu), dormir (ce qu’il faut) : ton quotidien se répète et pourtant le temps file
– tu observes davantage les oiseaux et les étoiles, tu apprécies différemment le silence et la pénombre
– le ciel est magnifique ces jours-ci… le temps est suspendu ou est-ce seulement une impression ?
– tu entends souvent passer les pompiers dans ton quartier – ou est-ce seulement une impression ?

Benoît Faedo, 35 ans, collaborateur de projet à la DW Akademie, vit à Berlin

Un tailleur à la recherche de tissu, © Benoît Faedo
Un Gabenzaun, littéralement « clôture de dons » : spontanément, les Berlinois ont réunis vêtements, vivres et autres produits pour les sans-abris à de nombreux points de la ville. © Benoît Faedo
Une queue à distances, © Benoît Faedo
L’Investitionsbank Berlin (IBB) a versé plus d’un milliard d’euros à des centaines de milliers de Berlinois en l’espace de quelques jours dans le cadre du programme fédéral de subventions pour les micro-entreprises, les travailleurs indépendants et les free-lances. © Benoît Faedo

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